L'impact du numérique sur les villes de l'Afrique de l'Ouest
L'exemple de l'argent mobile
La technologie numérique change le monde à un rythme effréné comme nous le constatons chaque jour, et l’Afrique est en première ligne. Elle représente une opportunité tant en termes de développement commercial que social. La révolution numérique est en marche et elle offre des opportunités uniques de conception et de gestion des espaces urbains.
De Dakar à Djibouti, du Cap à Tunis, les villes africaines et leurs populations intègrent donc, tant bien que mal, toutes les innovations qui leurs sont proposées. Et quelles fonctionnent ou, elles transforment durablement le continent.
Dans le rapport de 2021 sur « L’utilisation du numérique dans le contexte des villes de l’Afrique de l’Ouest » (Centre Excellence in Africa (EXAF),EPFL) , il ressort distinctement que l’utilisation du numérique dans le contexte africain offre des opportunités de rendre les villes "plus intelligente" et d'améliorer la qualité de vie des populations.
Néanmoins, si le numérique augure un changement profond de société, comme l'argent mobile, une autre révolution – plus classique – est en marche : la démographie.
Il suffit d’imaginer le doublement de l’assiette foncière dans les grandes villes actuelles pour avoir une idée des défis qui attendent les États et les collectivités locales. Si les zones urbaines sont caractérisées par un niveau des revenus globalement supérieur au reste du territoire, dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, l’évolution rapide des villes n’est pas toujours liée à un développement économique. Elle est souvent plutôt la cause de l’expansion de l’habitat précaire et informel, qui abrite la majorité des citadins les plus pauvres (Banque mondiale, 2017) et qui donne un accès réduit aux services urbains de base.
Dans ces cas, les villes ne parviendraient pas à tirer profit des avantages généralement liés à la croissance urbaine car les habitants démunis resteraient pris dans un piège de la pauvreté.
Pour que les villes des pays africains deviennent de vrais moteurs de la croissance économique, les acteurs du secteur public et privé doivent répondre aux enjeux des populations urbaines défavorisées. Les autorités urbaines doivent trouver des moyens novateurs pour rendre les services de base, tels que l’accès à l’eau et à l’électricité, la gestion des déchets, l’assainissement et les transports, plus accessibles aux citadins vulnérables (Banque mondiale, 2018).
Les villes comme terrains d’essai pour tester des solutions innovantes
Il s’avère de plus en plus évident qu’il existe un potentiel souvent inexploité dans l’utilisation des technologies numériques pour la résolution des problèmes urbains. La diffusion des nouvelles technologies et de la connectivité mobile a récemment permis la prolifération de solutions numériques qui semblent rendre les services de base vitaux plus efficaces, accessibles et abordables (OECD, 2020). C’est par exemple le cas de la diffusion de l’argent mobile qui a été un catalyseur clé de l’inclusion financière dans toute l’Afrique subsaharienne et qui a permis de développer des solutions adaptées aux réalités des personnes démunies.
Infrastructure
En quelques années, la prolifération des réseaux de téléphonie mobile a transformé les communications en Afrique subsaharienne. Elle a également permis aux Africains de sauter l’étape du développement du téléphone fixe et de passer directement à l’ère numérique.
Les gouvernements placent de plus en plus la croissance induite par Internet comme une priorité, comme au Bénin, au Togo ou en Côte d’Ivoire (CIO Mag, 2021). Tous ont des plans ambitieux pour étendre l’accès à l’Internet à haut débit à toutes leurs populations. La plupart des pays ont élaboré des stratégies nationales en matière de numérique, mais beaucoup d’entre eux n’en sont encore qu’aux premiers stades de leur mise en œuvre.
Au cours de la prochaine décennie, le nombre d’utilisateurs d’outils numériques – donc d’Internet – en Afrique devrait augmenter et représenter 16 % du total mondial. La forte augmentation du nombre de téléphones connectés à Internet explique l’envolée des comptes sur les réseaux sociaux en Afrique subsaharienne, passés de 50 à 100 millions depuis 2013, alors que dans le même temps, le nombre d’abonnements téléphoniques mobiles est passé de 581 millions à 882 millions en 2020, comme le montre l’Union International des Télécommunications (UIT). Il est intéressant de noter que le taux de pénétration de la téléphonie mobile est particulièrement élevé sur tout le continent, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe où le nombre d’abonnements mobiles dépasse les 100 % habitants. Au-delà de son impact économique, la transition numérique devrait permettre aux gouvernements africains d’améliorer le niveau de vie de leurs citoyens, en particulier des plus pauvres.
En plus d’être un moyen de communication, le téléphone mobile est largement utilisé en Afrique subsaharienne pour effectuer ou recevoir des paiements (argent mobile). Il est également important par exemple pour s’informer sur la politique, accéder aux réseaux sociaux, obtenir des informations sur la santé et la médecine et chercher ou postuler à une offre d’emploi.
Les gouvernements placent de plus en plus la croissance induite par Internet comme une priorité, comme au Bénin, au Togo ou en Côte d’Ivoire (CIO Mag, 2021). Tous ont des plans ambitieux pour étendre l’accès à l’Internet à haut débit à toutes leurs populations. La plupart des pays ont élaboré des stratégies nationales en matière de numérique, mais beaucoup d’entre eux n’en sont encore qu’aux premiers stades de leur mise en œuvre.
Au cours de la prochaine décennie, le nombre d’utilisateurs d’outils numériques – donc d’Internet – en Afrique devrait augmenter et représenter 16 % du total mondial. La forte augmentation du nombre de téléphones connectés à Internet explique l’envolée des comptes sur les réseaux sociaux en Afrique subsaharienne, passés de 50 à 100 millions depuis 2013, alors que dans le même temps, le nombre d’abonnements téléphoniques mobiles est passé de 581 millions à 882 millions en 2020, comme le montre l’Union International des Télécommunications (UIT). Il est intéressant de noter que le taux de pénétration de la téléphonie mobile est particulièrement élevé sur tout le continent, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe où le nombre d’abonnements mobiles dépasse les 100 % habitants. Au-delà de son impact économique, la transition numérique devrait permettre aux gouvernements africains d’améliorer le niveau de vie de leurs citoyens, en particulier des plus pauvres.
En plus d’être un moyen de communication, le téléphone mobile est largement utilisé en Afrique subsaharienne pour effectuer ou recevoir des paiements (argent mobile). Il est également important par exemple pour s’informer sur la politique, accéder aux réseaux sociaux, obtenir des informations sur la santé et la médecine et chercher ou postuler à une offre d’emploi.
L’Afrique subsaharienne est à l’avant-garde dans le secteur de l’argent mobile depuis plus d’une décennie et, en 2020, elle a continué à représenter la majorité de la croissance.
À la fin de l’année, il y avait 548 millions de comptes enregistrés dans la région, dont plus de 150 millions étaient actifs sur une base mensuelle
Le nombre des comptes d’argent mobile dépasse aujourd’hui celui des comptes de dépôt traditionnels.
21 % des adultes de l'Afrique subsaharienne sont titulaires d’un compte d’argent mobile.
En revanche, cette pénétration est inégale. La plus forte présence se concentre en Afrique de l’Est et notamment au Kenya. Le Gabon, la Namibie et le Zimbabwe connaissent également une forte progression.
Les plus forts taux de croissance de cette technologie se trouvent en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal, où plus de 30% des adultes possèdent désormais un compte d’argent mobile.
Une donnée importante, preuve de l’efficacité de cette technologie dans la lutte contre l’extrême pauvreté, 200'000 ménages kenyans sont sortis de l’extrême précarité à la suite de l’adoption d’un compte d’argent mobile.
Les femmes sont encore moins susceptibles que les hommes de posséder un compte d’argent mobile même si l’argent mobile a le potentiel d’augmenter l’inclusion et combler l’écart entre les sexes dans l’accès aux services financiers.
L'argent mobile
Le secteur des services financiers liés à l’argent mobile est en pleine expansion dans la sous-région ouest-africaine. Elle est même devenue pionnière de l’argent mobile en Afrique.
Lors de la pandémie de COVID-19, les paiements numériques ont été de plus en plus utilisés afin de réduire les risques associés à l’échange d’argent liquide. C’est par exemple le cas au Sénégal, où il est devenu courant de payer un taxi avec Orange Money, le service d’argent mobile le plus populaire en d’Afrique de l’Ouest, proposé par le groupe français de télécommunications Orange.
Dans les années à venir, grâce à la baisse des prix et à une nouvelle génération de jeunes « natifs du numérique », la GSMA (Global System for Mobile Communications Association) prévoit une augmentation considérable de l’utilisation des smartphones en Afrique subsaharienne, qui en 2020 a déjà atteint 50% du total des connexions. La connexion aux réseaux 3G et 4G par un smartphone donne la possibilité d’améliorer l’accès à l’information et à d’autres services.
Défis du secteur informel
Des systèmes financiers efficaces sont essentiels à la réduction de la pauvreté et les inefficacités réduisent la capacité de l’inclusion financière à générer de la croissance et à réduire les inégalités. Les institutions bancaires traditionnelles ont des coûts de transaction élevés ce qui rend la tenue de comptes d’épargne et de dépôt très difficile pour les ménages les plus pauvres. L’expérience des pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe confirme que l’argent mobile offre une occasion unique d’encourager et de renforcer l’inclusion financière avec un potentiel d’augmentation de la croissance économique.
En Afrique, les entreprises sont largement organisées en secteurs formel et informel. Les entreprises du secteur formel sont généralement de grandes sociétés comme les banques et les compagnies d’assurance, les opérateurs de télécommunications, les agro-industries et les sociétés pétrolières et minières. Les petites et moyennes entreprises du secteur formel sont assez limitées en taille et en nombre, surtout en Afrique subsaharienne. Les entreprises du secteur informel sont généralement petites, composées de moins de cinq employés. Dans la plupart des pays africains, le secteur informel compose une part importante de l’activité économique.
Parmi les personnes travaillant dans le secteur informel ou exerçant des activités peu rémunératrices, un compte mobile money est le moyen le plus utilisé pour payer ou être payé pour un service.
L’économie numérique offre des possibilités pour relever les défis auxquels sont confrontés les entreprises et les travailleurs informels, qui ont souvent moins accès au financement et utilisent peu les pratiques commerciales modernes, notamment en matière de comptabilité (Mahadea et Zogli, 2018). Dans le secteur informel, l’accès à l’électricité est moins certain, et l’environnement commercial général est instable. Cependant, la grande majorité des travailleurs du secteur informel possèdent un téléphone portable, souvent utilisé à des fins privées et professionnelles. À ce jour, la plupart des entreprises qui ont réussi dans l’économie africaine numérique s’attaquent aux problèmes rencontrés par les entreprises ou par les travailleurs du secteur informel. La diffusion à grande échelle de l’argent mobile dans plusieurs pays africains comme le Kenya, la Côte d’Ivoire et le Mali, en est un exemple.
Malgré une croissance encourageante, le numérique dans les villes africaines reste minoritaire en comparaison des économies développées et manque encore de maturité. Il existe une réticence générale à s’aventurer et à investir dans les nouvelles connaissances et les nouvelles technologies par les gouvernements et l’industrie de la plupart des pays d’Afrique. Cependant, l’adoption appropriée et l’utilisation judicieuse de l’industrie numérique au profit des villes offrent des possibilités indéniables pour résoudre certains problèmes socio-économiques et défis industriels.
La sous-région ouest-africaine a connu la plus importante augmentation du nombre de comptes enregistrés (14,5%) et de la valeur des transactions (34,9%). Il y a maintenant plus de services d’argent mobile en direct offerts en Afrique de l’Ouest (59) que dans toute autre région du monde (GSMA, 2019).
Lors de la pandémie de COVID-19 les paiements numériques ont été de plus en plus utilisés afin de réduire les risques associés à l’échange d’argent liquide. C’est par exemple le cas au Sénégal, où il est devenu courant de payer un taxi avec Orange Money, le service d’argent mobile le plus populaire en d’Afrique de l’Ouest, proposé par le groupe français de télécommunications Orange.
Dans les années à venir, grâce à la baisse des prix et à une nouvelle génération de jeunes « natifs du numérique », la GSMA (Global System for Mobile Communications Association) prévoit une augmentation considérable de l’utilisation des smartphones en Afrique subsaharienne, qui en 2020 a déjà atteint 50% du total des connexions. La connexion aux réseaux 3G et 4G par un smartphone donne la possibilité d’améliorer l’accès à l’information et à d’autres services.
Défis du secteurs informels
Des systèmes financiers efficaces sont essentiels à la réduction de la pauvreté et les inefficacités réduisent la capacité de l’inclusion financière à générer de la croissance et à réduire les inégalités. Les institutions bancaires traditionnelles ont des coûts de transaction élevés ce qui rend la tenue de comptes d’épargne et de dépôt très difficile pour les ménages les plus pauvres. L’expérience des pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe confirme que l’argent mobile offre une occasion unique d’encourager et de renforcer l’inclusion financière avec un potentiel d’augmentation de la croissance économique.
En Afrique, les entreprises sont largement organisées en secteurs formel et informel. Les entreprises du secteur formel sont généralement de grandes sociétés comme les banques et les compagnies d’assurance, les opérateurs de télécommunications, les agro-industries et les sociétés pétrolières et minières. Les petites et moyennes entreprises du secteur formel sont assez limitées en taille et en nombre, surtout en Afrique subsaharienne. Les entreprises du secteur informel sont généralement petites, composées de moins de cinq employés. Dans la plupart des pays africains, le secteur informel compose une part importante de l’activité économique.
Parmi les personnes travaillant dans le secteur informel ou exerçant des activités peu rémunératrices, un compte mobile money est le moyen le plus utilisé pour payer ou être payé pour un service.
L’économie numérique offre des possibilités pour relever les défis auxquels sont confrontés les entreprises et les travailleurs informels, qui ont souvent moins accès au financement et utilisent peu les pratiques commerciales modernes, notamment en matière de comptabilité (Mahadea et Zogli, 2018). Dans le secteur informel, l’accès à l’électricité est moins certain, et l’environnement commercial général est instable. Cependant, la grande majorité des travailleurs du secteur informel possèdent un téléphone portable, souvent utilisé à des fins privées et professionnelles. À ce jour, la plupart des entreprises qui ont réussi dans l’économie africaine numérique s’attaquent aux problèmes rencontrés par les entreprises ou par les travailleurs du secteur informel. La diffusion à grande échelle de l’argent mobile dans plusieurs pays africains comme le Kenya, la Côte d’Ivoire et le Mali, en est un exemple.
Malgré une croissance encourageante, le numérique dans les villes africaines reste minoritaire en comparaison des économies développées et manque encore de maturité. Il existe une réticence générale à s’aventurer et à investir dans les nouvelles connaissances et les nouvelles technologies par les gouvernements et l’industrie de la plupart des pays d’Afrique. Cependant, l’adoption appropriée et l’utilisation judicieuse de l’industrie numérique au profit des villes offrent des possibilités indéniables pour résoudre certains problèmes socio-économiques et défis industriels.
Innovation
Les innovations numériques en milieu urbain répondent à des besoins et se diversifient dans de multiples secteurs comme la santé, l’environnement, la mobilité, les services administratifs publics, l’éducation.
Dès lors, la numérisation complète se présente désormais comme un horizon de société à bâtir et le train est en marche.
Malgré les contraintes techniques et institutionnelles qui pèsent sur l’essor de l’économie du numérique en Afrique, des hubs technologiques et d’innovation ont émergé.
Acteurs de niche, les hubs se présentent avec la capacité de résoudre des problèmes économiques, sociaux et écologiques grâce aux outils de l’entrepreneuriat numériques et aux innovations commerciales (Jiménez, 2018). Le nombre de ces structures sur le continent africain est passé de 442 en 2018 à 618 en 2019 (dont 22 en Côte d’Ivoire et 14 au Mali), soit une augmentation de 39,8% (Giuliani et Ajadi, 2020).
Cela laisse entrevoir des perspectives nouvelles pour l’Afrique car les technologies numériques ne sont plus seulement importées : les espaces d’innovation établissent des environnements de développement propices pour créer des solutions locales et spécifiques.
Afrilabs
Par exemple, AfriLabs, créé en 2011, par Rebecca Enonchong, soutient un réseau de 268 incubateurs dans 49 pays d’Afrique et se positionne comme une des matrices de l’innovation numérique en Afrique. Il vise à accélérer les innovations qui favorisent la croissance économique et la création d’emplois à travers une gouvernance innovante du numérique, qui comprend notamment les universités locales.
Ainsi, AfriLabs pénètre les sphères du développement et de la recherche-action avec des universités africaines. Pour l’Agence française de développement (AFD), AfriLabs est un intermédiaire clé pour atteindre, depuis l’Afrique de l’Ouest, 600 gestionnaires de hubs, 3600 entrepreneurs et développeurs, mais surtout 200'000 parties prenantes de l’écosystème africain de la technologie et de l’innovation, selon ses sources.
Yabacon Valley
En Afrique de l’Ouest, le nombre de start-up dans le domaine du numérique est de plus de 900 (StartupRanking, 2021), ce qui place cette région comme la plus dynamique d’Afrique subsaharienne sur le plan entrepreneurial. Cependant les pays d’Afrique de l’Ouest affichent d’importantes disparités de développement de ces écosystèmes numériques. Ainsi, le Nigéria se distingue par l’existence de la Yabacon Valley, classée comme l’un des cinq pôles majeurs du numérique en Afrique.
Créée en 2010 pour permettre aux agents économiques de contourner l’encombrement automobile du centre de Lagos et offrir des possibilités de développement à cette nouvelle industrie du numérique, la Yabacon Valley a tout d’abord accueilli les grandes figures de la télécommunication en Afrique, puis, CCHub, un des plus importants hubs d’Afrique, lui aussi impliqué dans le projet KTN Global Alliance Africa. Dans la seconde moitié des années 2010, la venue de Marc Zuckerberg à la Yabacon Valley s’ensuivit de l’installation d’un incubateur de start-up NG_Hub par Facebook et de celui de Google, Google Launchpad Space à Lagos.
L’investissement des GAFAM dans l’émergence de compétences locales dans le numérique a permis une explosion du nombre de start-ups au Nigéria et de positionner la Yabacon Valley comme un site privilégié d’investissements : 20% des levées de fonds sur le continent africain se réalisent désormais dans le secteur du numérique sur ce territoire.
Côte d'Ivoire
Dans le reste de la région, si les écosystèmes numériques sont moins développés et plus fragiles, les efforts des pouvoirs politiques et les investissements dans les télécommunications soutiennent une dynamique claire de développement du secteur du numérique.
La Côte d’Ivoire, par exemple, a démontré d’un important investissement du politique à l’égard de cet enjeu en soutenant dans la seconde moitié des années 2010 la numérisation d’une partie de ses services publics. L’avènement d’une université numérique, à la fin des années 2010, pour un nombre de 3500 étudiants, est un symbole de la place que prend le numérique dans la construction de l’horizon dessiné.
Abidjan poursuit sa course pour devenir le premier écosystème innovant de l’Afrique de l’Ouest francophone, avec plus de 20 pôles d’innovation comprenant, parmi d’autres, Seedspace, un hub de coworking connecté, présent dans les pays émergents, ainsi que quatre Jokkolabs – espaces de coworking et d’accompagnement des projets numériques, importés de Dakar.
Les résultats sont déjà observables en termes de ruissellement des technologies dans la société ivoirienne. La Fondation Jeunesse Numérique, dirigé par l’ingénieure en télécommunications Linda Nanan Vallée a un important rôle d’incubateur d’innovations numériques en Côte d’Ivoire et a soutenu, à ce jour, l’incubation de plus de 260 projets sur le numérique et l’accompagnement d’une cinquantaine de start-up.
Une de ces start-up propose à Abidjan, un système de réservation et de paiement des trajets, sans espèce pour l’ensemble des taxis collectifs («Woro-Woro») et minibus («Gbaka») de l’agglomération d’Abidjan.
Le succès de l’initiative, qui permet au chauffeur d’appréhender les besoins en transport, de gagner du temps à chaque arrêt, d’avoir une meilleure transparence de la gestion des sommes récoltées, sans oublier la réduction des disputes et du stress autour de la question de l’appoint pour les usagers, a soutenu son développement et son intégration dans la vie quotidienne. Un an après son lancement, en 2020, Moja Ride va fonctionner en partenariat avec O-CITY, appartenant à la banque d’investissement américaine BPC, en place dans 130 villes du monde, pour le développement de sa plate-forme de paiement.
Sénégal
Au Sénégal, depuis 2017, l’opérateur Orange a mis en place Orange Digital Ventures Africa (ODVA), un fonds d’investissement de 50 millions d’euros dédié à des projets d’innovation économique et sociale à partir d’applications mobiles. L’État a lancé, quant à lui, le projet d’un Parc des technologies numériques (PTN) de 25 hectares à Diamniadio, dans la périphérie de Dakar. Pierre angulaire de la stratégie nationale de l’économie numérique « Sénégal numérique 2025 », cette technopole a vocation à soutenir une véritable économie de la recherche sur le numérique afin de soutenir l’écosystème numérique d’Afrique de l’Ouest. Le Parc proposera aux entreprises hébergées tout un environnement connecté, dont un data center, un studio de production audiovisuelle, ainsi que des institutions de formation et de recherches.
Dès lors, la numérisation complète se présente désormais comme un horizon de société à bâtir et le train est en marche.
Malgré les contraintes techniques et institutionnelles qui pèsent sur l’essor de l’économie du numérique en Afrique, des hubs technologiques et d’innovation ont émergé.
Acteurs de niche, les hubs se présentent avec la capacité de résoudre des problèmes économiques, sociaux et écologiques grâce aux outils de l’entrepreneuriat numérique et aux innovations commerciales (Jiménez, 2018). Le nombre de ces structures sur le continent africain est passé de 442 en 2018 à 618 en 2019 (dont 22 en Côte d’Ivoire et 14 au Mali), soit une augmentation de 39,8% (Giuliani et Ajadi, 2020).
Cela laisse entrevoir des perspectives nouvelles pour l’Afrique car les technologies numériques ne sont plus seulement importées : les espaces d’innovation établissent des environnements de développement propices pour créer des solutions locales et spécifiques.
Afrilabs
Par exemple, AfriLabs, créé en 2011, par Rebecca Enonchong, soutient un réseau de 268 incubateurs dans 49 pays d’Afrique et se positionne comme une des matrices de l’innovation numérique en Afrique. Il vise à accélérer les innovations qui favorisent la croissance économique et la création d’emplois à travers une gouvernance innovante du numérique, qui comprend notamment les universités locales.
Ainsi, AfriLabs pénètre les sphères du développement et de la recherche-action avec des universités africaines. Pour l’Agence française de développement (AFD), AfriLabs est un intermédiaire clé pour atteindre, depuis l’Afrique de l’Ouest, 600 gestionnaires de hubs, 3600 entrepreneurs et développeurs, mais surtout 200'000 parties prenantes de l’écosystème africain de la technologie et de l’innovation, selon ses sources.
Yabacon Valley
En Afrique de l’Ouest, le nombre de start-up dans le domaine du numérique est de plus de 900 (StartupRanking, 2021), ce qui place cette région comme la plus dynamique d’Afrique subsaharienne sur le plan entrepreneurial. Cependant les pays d’Afrique de l’Ouest affichent d’importantes disparités de développement de ces écosystèmes numériques. Ainsi, le Nigéria se distingue par l’existence de la Yabacon Valley, classée comme l’un des cinq pôles majeurs du numérique en Afrique.
Créée en 2010 pour permettre aux agents économiques de contourner l’encombrement automobile du centre de Lagos et offrir des possibilités de développement à cette nouvelle industrie du numérique, la Yabacon Valley a tout d’abord accueilli les grandes figures de la télécommunication en Afrique, puis, CCHub, un des plus importants hubs d’Afrique, lui aussi impliqué dans le projet KTN Global Alliance Africa. Dans la seconde moitié des années 2010, la venue de Marc Zuckerberg à la Yabacon Valley s’ensuivit de l’installation d’un incubateur de start-up NG_Hub par Facebook et de celui de Google, Google Launchpad Space à Lagos.
L’investissement des GAFAM dans l’émergence de compétences locales dans le numérique a permis une explosion du nombre de start-ups au Nigéria et de positionner la Yabacon Valley comme un site privilégié d’investissements : 20% des levées de fonds sur le continent africain se réalisent désormais dans le secteur du numérique sur ce territoire.
Côte d'Ivoire
Dans le reste de la région, si les écosystèmes numériques sont moins développés et plus fragiles, les efforts des pouvoirs politiques et les investissements dans les télécommunications soutiennent une dynamique claire de développement du secteur du numérique.
La Côte d’Ivoire, par exemple, a démontré d’un important investissement du politique à l’égard de cet enjeu en soutenant dans la seconde moitié des années 2010 la numérisation d’une partie de ses services publics. L’avènement d’une université numérique, à la fin des années 2010, pour un nombre de 3500 étudiants, est un symbole de la place que prend le numérique dans la construction de l’horizon dessiné.
Abidjan poursuit sa course pour devenir le premier écosystème innovant de l’Afrique de l’Ouest francophone, avec plus de 20 pôles d’innovation comprenant, parmi d’autres, Seedspace, un hub de coworking connecté, présent dans les pays émergents, ainsi que quatre Jokkolabs – espaces de coworking et d’accompagnement des projets numériques, importés de Dakar.
Les résultats sont déjà observables en termes de ruissellement des technologies dans la société ivoirienne. La Fondation Jeunesse Numérique, dirigé par l’ingénieure en télécommunications Linda Nanan Vallée a un important rôle d’incubateur d’innovations numériques en Côte d’Ivoire et a soutenu, à ce jour, l’incubation de plus de 260 projets sur le numérique et l’accompagnement d’une cinquantaine de start-up.
Gouvernance et
cybersécurité
Si la connectivité d’Internet a généré de nouveaux services innovants, de nouvelles capacités et des formes inédites de partage et de coopération, elle a également engendré de nouvelles formes de criminalité, d’abus, de surveillance et de conflits sociaux.
La gouvernance d'Internet implique un ordre polycentrique, moins hiérarchique ; elle nécessite une coopération transnationale entre les concepteurs de normes, les opérateurs de réseaux, les fournisseurs de services en ligne, les utilisateurs, les gouvernements et les organisations internationales.
Il est difficile de concevoir que l’Afrique subsaharienne puisse «passer au niveau supérieur» en matière de numérique, à moins que les gouvernements ne développent et n’actualisent leurs stratégies nationales de numérisation.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en 2021, seuls 28 pays africains disposent d’une législation complète sur la protection des données personnelles, tandis que 11 pays seulement ont adopté des lois de fond sur la cybercriminalité. L’insuffisance de stratégies et de législation numériques entraîne de graves lacunes en matière de sécurité qui laissent les pays vulnérables à l’utilisation abusive des plateformes et des données numériques.
Dans le même temps, d’autres défis existent pour la gouvernance d’Internet en Afrique. Sur tout le continent, les coupures d’Internet imposées par certains gouvernements, les régimes fiscaux émergents pour les médias sociaux et le manque d’accès au financement, entre autres politiques existantes et ad hoc liées à la technologie, compliquent et entravent l’accès au marché, la croissance et l’innovation pour les utilisateurs en ligne et les entrepreneurs technologiques. La protection des données et de la vie privée est devenue un sujet sensible pour la gouvernance d’Internet en Afrique en raison des événements concernant l’influence et l’ingérence dans les élections dans divers pays.
Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), les gouvernements africains sont confrontés à un ensemble de menaces numériques en évolution rapide – sabotage d’infrastructures critiques, criminalité organisée et utilisation de la technologie pour un usage militaire – provenant de divers acteurs. Pour cette raison, les gouvernements africains devraient se focaliser sur trois questions clés – la protection de la propriété intellectuelle (PI), la protection des données et la cyber sécurité.
L’exemple rwandais ?
«Nous sommes vraiment sur le point de voir se concrétiser ce rêve. Au Rwanda, par exemple, la plupart des services administratifs du gouvernement sont maintenant en ligne, ce qui a permis de redoubler d’efficacité, de réduire énormément la bureaucratie et d’éliminer la corruption».
Jean Philbert Nsengimana, ancien ministre rwandais des TIC et de la Jeunesse en 2016
Le Rwanda est devenu le fer de lance de la gouvernance intelligente et est aussi le siège de l’initiative Smart Africa dont les objectifs sont doubles : rendre les TIC moteurs du développement socioéconomique du continent et donner un accès à Internet haut débit de manière rapide et fiable à tous. Le Rwanda veut devenir un centre important de l’Afrique numérique et à cette fin, il investit davantage dans le développement de l’université rwandaise.
Il est intéressant de noter que le sujet de la gouvernance urbaine à travers le prisme technologique, ou «gouvernance intelligente», est un sujet d’importance pour le développement urbain durable. L’un des piliers de la gouvernance numérique vise à favoriser la transparence en améliorant la prestation de services et en promouvant l’engagement des citoyens par le biais des TIC, en simplifiant l’interaction des citoyens et des entreprises avec le gouvernement et en améliorant la prise de décision empirique dans les villes.
Les états
En Afrique de l’Ouest, les États intègrent désormais la question du numérique pour définir et répondre à un spectre plus large de problèmes publics.
Dans les années 2000, la faiblesse des infrastructures numériques s’est présentée comme un problème public émergent.
Dans les années 2010, l’adoption de stratégies de marketing urbain centrées sur le numérique dans les grandes métropoles africaines les mieux positionnées dans la compétition économique internationale a soutenu une circulation des enjeux du développement du numérique dans les arènes publiques. Si les villes sont devenues le périmètre d’intervention privilégié pour expérimenter aussi bien des stratégies procroissance que développementalistes autour du numérique, celui-ci est aujourd’hui un outil de construction des politiques publiques à l’échelle nationale. Le numérique représente aussi bien une condition de leur renouvellement que le référentiel d’une société nouvelle – digitale et connectée.
Plusieurs pays sont engagés dans un processus de numérisation de la société avec la présence d’institutions et de politiques sectorielles centrées sur la traduction du numérique dans un spectre large de champs d’intervention dans la société. À l’instar du Bénin, la poursuite de l’amélioration de la couverture et de la connectivité du réseau Internet demeure une priorité avec un accent sur le haut débit et le très haut débit pour les besoins des entreprises. On assiste à des politiques de seconde génération sur le numérique qui viennent renforcer la capacité des acteurs à se saisir du numérique pour transformer la société. L’accent est plutôt focalisé sur les institutions du numérique et la consolidation d’un cadre juridique pour l’essor d’une e-gouvernance. Ces pays se distinguent également par des politiques qui promeuvent le numérique en tant qu’outil de développement. Le numérique soutient aussi bien l’accès et le fonctionnement de services publics essentiels, comme l’éducation, que des stratégies de lutte contre la pauvreté.
Cependant, à l’instar du Mali, certaines politiques publiques se révèlent très ambitieuses, sans pour autant s’accompagner d’un diagnostic poussé de l’état des lieux, des ressources à mobiliser et des contraintes qui pèsent sur le processus de numérisation de la société. Ces pays se distinguent par l’attribution de la mission du numérique dans des ministères appartenant à des champs traditionnels de la politique publique et en particulier celui des télécommunications.
Quel rôle pour les universités ?
La proximité des universités avec les acteurs du numérique est désormais un enjeu public. Ces institutions ont un rôle majeur en assurant la formation des ingénieurs, des entrepreneurs, des techniciens du numérique.
La capacité de formation sur le numérique en Afrique de l’Ouest est déterminante pour l’avenir du numérique dans la région : il s’agit de contrecarrer la dynamique de fuite des cerveaux qui touche les secteurs de pointe en Afrique.
Les acteurs publics comme privés anticipent cette réalité en soutenant aussi bien le développement de la formation supérieure que l’accès à des formations équivalentes à celles dispensées en Europe. À Lagos, la proximité de Google Developers Spaces avec l’université de Lagos et l’un des plus grand hub d’Afrique, CC Hub, a soutenu la création, par Google, du Black Founders Fund Africa. Cette reconnaissance du potentiel des jeunes diplômés de la sous-région en Afrique par Google est aussi celle de l’offre de formations en Afrique de l’Ouest, qui a considérablement évolué depuis la seconde moitié des années 2010.
La majeure partie des universités œuvrent désormais à digitaliser leur offre de formations, permettant de démultiplier l’accessibilité à l’enseignement supérieur et à proposer des formations sur le numérique. À l’instar de l’École Supérieure Multinationale des Télécommunications à Dakar, les institutions de formation supérieure prennent la mesure des besoins en formation sur le numérique et des enjeux à relever. À Abidjan, l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire permet, depuis 2016, la formation de 6000 étudiants en informatique et en sciences du numérique. Ces formations innovantes sont articulées à la création d’une école doctorale qui ouvre la voie à la recherche et développement sur le numérique en Afrique de l’Ouest – domaine réservé jusqu’à alors aux start-up et aux livings lab. L’État ivoirien a travaillé institutionnellement les liens entre université et économie du numérique. Ainsi, la création de la Fondation Jeunesse numérique accompagne l’essor des jeunes entrepreneurs et le renforcement des start-up sur leur projet d’innovation, qui permet de canaliser le potentiel des jeunes diplômés. Au travers de l’université virtuelle de Côte d’Ivoire, l’État structure donc la base de son écosystème numérique en investissant dans l’enseignement supérieur et mettant en place des institutions relais qui canalisent les hauts diplômés souhaitant se lancer dans l’innovation numérique.
D’autres pays d’Afrique de l’Ouest ont également adopté ce modèle en développant des universités numériques, avec la recherche de filières de pointe, comme celle de la robotique au Sénégal et au Burkina Faso. L’Afrique de l’Ouest s’est ainsi distinguée dans sa capacité à fournir des formations de qualité sur des technologies de pointe : elle a été sélectionnée par la Banque mondiale pour accueillir à quatre reprises la Pan African Robotics Competition (PARC), créée en 2015. Ces événements coorganisés par les universités ne servent pas seulement de tremplin pour les jeunes entrepreneurs : ils offrent la preuve, aux grands acteurs du numérique, que la jeunesse d’Afrique de l’Ouest a les capacités pour inventer les solutions d’un développement durable.
Les attentes de formation sur les TIC et le numérique en Afrique de l’Ouest sont telles que le numérique soutient l’essor d’un marché privé de la formation sur le numérique. L’opérateur de téléphonie Orange a ainsi lancé « Orange Campus Africa » en partenariat avec les Universités virtuelles du Sénégal et de Tunisie, ainsi que des écoles françaises. « Orange Campus Africa » est une plate-forme d’enseignements commune à ces établissements, qui se veut accessible pour les étudiants des pays d’Afrique de l’Ouest qui accueillent le réseau de téléphonie Orange
L’université se positionne comme un acteur clé du renforcement des compétences locales nécessaires à l’innovation numérique dans les villes africaines.
L’analyse de la littérature scientifique démontre que la contribution du numérique au développement durable ne peut se faire que s'il existe un écosystème de mise en œuvre efficace est présent. Ceci est particulièrement vrai dans les villes, qui font face à des défis socio-environnementaux et économiques importants.
Néanmoins, les villes sont aussi les espaces privilégiés pour la mise en œuvre de technologies numériques efficaces.
L'analyse révèle également un manque de synergie entre les universités, les industries locales, les sociétés multinationales, les sociétés civiles et les gouvernements. Il semble de plus en plus évident que pour que la "révolution numérique" ait lieu, tous les acteurs cités ci-dessus - en particulier ceux du secteur public - doivent collaborer intimement.
Le manque de moyens techniques et financiers, la fracture numérique au sein des villes, la protection des données et la transparence des procédures constituent des défis majeurs pour l’ensemble des villes dans le monde.
En Afrique de l’Ouest, il existe un formidable potentiel pour une coopération inédite, collaborative et innovante.
Le modèle de partenariat université-ville est absolument idéale pour mettre en place ces mesures. La valorisation du savoir-faire local et de l’esprit d’entreprise dans un secteur hautement technologique comme celui de la digitalisation peut bénéficier des compétences académiques et de la recherche universitaire qui manquent trop souvent de moyens adéquats pour tester « en situation réelle ». En retour les autorités des villes auraient l’opportunité de suivre de près ces développements et d’orienter leurs politiques publiques et plans d’actions sur leur territoire.
Compte tenu des intérêts en jeu et des différences de capacités d’investissements entre le secteur public et les acteurs privés, la coopération internationale devrait jouer un rôle majeur pour s’assurer que la révolution numérique profitera à tous.
L’analyse de la littérature scientifique démontre que la contribution du numérique au développement durable ne peut se faire que si un écosystème de mise en œuvre efficace est présent..C’est particulièrement vrai dans les villes, qui font face à de très grands défis socio-environnementaux et économiques.
Néanmoins, les villes sont aussi les espaces privilégiés pour la mise en œuvre de technologies numériques efficaces.
Cette analyse révèle aussi un manque de synergie entre les universités, les industries locales, les sociétés multinationales, les sociétés civiles et les gouvernements. Pour qu’une révolution numérique puisse avoir lieu, les acteurs cités ci-dessus, et en particulier ceux du secteur public, doivent absolument collaborer.
Le manque de moyens techniques et financiers, la fracture numérique au sein des villes, la protection des données et la transparence des procédures constituent des défis majeurs pour l’ensemble des villes dans le monde.
En Afrique de l’Ouest, il existe un formidable potentiel pour une coopération inédite, collaborative et innovante.
Le modèle de partenariat université-ville est absolument idéale pour mettre en place ces mesures. La valorisation du savoir-faire local et de l’esprit d’entreprise dans un secteur hautement technologique comme celui de la digitalisation peut bénéficier des compétences académiques et de la recherche universitaire qui manquent trop souvent de moyens adéquats pour tester « en situation réelle ». En retour les autorités des villes auraient l’opportunité de suivre de près ces développements et d’orienter leurs politiques publiques et plans d’actions sur leur territoire.
Compte tenu des intérêts en jeu et des différences de capacités d’investissements entre le secteur public et les acteurs privés, la coopération internationale devrait jouer un rôle majeur pour s’assurer que la révolution numérique profitera à tous.
En substance, il existe en Afrique de l'Ouest un formidable potentiel pour une coopération inédite, collaborative et innovante.
L'utilisation du numérique dans le contexte des villes de l'Afrique de l'Ouest
sous la direction de Jérôme Chenal
Chiara Ciriminna, Rémi Jaligot,
Karine Ginisty, Florian Rudaz